Cette citation de Corneille m’apparaît comme particulièrement éclairante sur l’origine des crises.
Dans la deuxième édition de son livre intitulé « La communication de crise » (Dunod), Thierry Libaert nous propose une nouvelle définition de la crise : « La crise est la phrase ultime d’une suite de dysfonctionnements mettant en péril la réputation et la stabilité d’une entreprise ». Il précise que dans la première édition de 2001, il avait fait sienne la définition proposée par Otto Lerbinger : « un événement inattendu mettant en péril la réputation et le fonctionnement d’une organisation ». Cette évolution s’expliquant notamment par le fait que les crises seraient de plus en plus anticipées avec notamment les retours d’expériences postérieures aux crises, sans oublier l’apport des travaux de Shrivastava : « Les crises ne sont pas des événements mais des processus qui se développent dans le temps et l’espace ».
Brisons là, comme on disait au temps de Corneille, mon intention n’est pas de vous proposer une exégèse de la crise, mais d’être résolument pragmatique et de se souvenir de ce précepte populaire, « prévenir c’est guérir ».
Prévenir les situations potentiellement génératrices de crise, c’est avant tout connaître les risques induits par ses activités, surveiller les sujets sensibles et mettre en place des procédures de gestion de crise simples, éprouvées, rigoureuses mais non rigides (et la différence est ténue…) pour éviter toute classification forcément limitative et cela va sans dire, évolutives. Le PDCA (Plan – DO – Check – Act) cher aux qualiticiens est à mon sens tout à fait pertinent dans la mise en œuvre des mesures de prévention comme dans celle des procédures de gestion de crise.
Et oui, connaître les risques liés à ses activités est une étape essentielle de la prévention de crise. Une connaissance qui se doit d'être objective, globale et commune à l'ensemble des responsables de l'entreprise. Or dans les entreprises, la mise en œuvre de technologies de plus en plus sophistiquées – dont les NTIC – fait qu’aujourd’hui quelques « sachants » connaissent les risques de leur secteur, mais cette connaissance est rarement partagée avec les autres responsables, la direction générale y compris. Voir ici, en l’état des informations diffusées, le cas de la Société Générale, de la hiérarchie du trader... à son Pdg.
Un autre constat s’impose ici. Beaucoup d’entreprises s’estiment à l’abri des crises, parce qu’elles sont dans une dynamique positive, parce que leur activité est sans risque, parce qu’elles sont bien assurées ou encore parce que les ennuis, c’est bien connu, n’arrivent qu’aux autres.
Question pour un champion : combien d’entreprises ont recensé leurs risques, mis en place des mesures de prévention et des procédures de gestion de crise, simulé des crises, actualisé leur cellule de crise ?
Oui, qui s'expose au péril sans anticiper... risque effectivement de trouver sa perte.
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