Novethic - centre de recherche et d'expertise sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et l’Investissement Socialement Responsable (ISR) - filiale de la Caisse des Dépôts, a pour mission d’observer et d’analyser les initiatives et les enjeux en matière de RSE et d’ISR.
En septembre dernier, en plein Grenelle de l’environnement, Novethic publiait une très intéressante étude sur la mobilisation des salariés des entreprises du CAC40 en matière de développement durable, en analysant la communication des entreprises de cet indice boursier.
Les résultats jetaient un beau pavé dans la mare, alors qu’un grand nombre d’entreprises communiquaient sur leur engagement en matière de développement durable. Malgré la pression réglementaire et celle de l’opinion publique, selon cette étude, seules deux entreprises du CAC 40 étaient réputées avoir accordé une place centrale à la formation de leurs collaborateurs à la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) quand au total, huit entreprises s’étaient données des objectifs d’intégration des valeurs du développement durable dans leur culture et leurs pratiques.
Du discours aux actes, il y a souvent bien plus qu’un fossé.
Une preuve supplémentaire ? Je me suis récemment procuré le magazine interne d’un grand groupe d’assurance. J’étais heureux de constater que cette entreprise s’était dotée d’un directeur du développement durable depuis plus d’un an et ce dernier établissait, non sans quelque contentement frôlant l’autosatisfaction, le bilan des nombreuses actions engagées. C’était réellement impressionnant et très encourageant…sur le papier. Parce qu’en interrogeant le chef de service qui m’avait donné le magazine, je me suis aperçu qu’il ne connaissait que très peu d’actions, mais le plus grave, il n’avait pas la moindre idée de leur application à son niveau et par là même à celui de ses équipes.
Mon constat, c’est que ces actions qui vont certes dans le bon sens, restent trop souvent l’apanage de quelques initiés, que l’on retrouve à la direction de l’entreprise et bien sûr dans les directions du développement durable. Dans ces conditions, il paraît difficile de mettre en œuvre une véritable politique de changement des pratiques de l’entreprise, alors même que les objectifs relevant du développement durable, sont par essence ambitieux comme le rappelait Novethic, « de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de faire de l’éco conception, ou de diversifier le recrutement, ils impliquent des modifications profondes de management, de production et de comportements ».
Bien sûr, les rapports annuels et autres rapports développement durable font globalement montre de bien belles intentions. Mais elles sont trop souvent ponctuelles, sur le court terme, sans vision, sans souffle.
Allez, pour rester positif, je note les efforts faits par certaines entreprises sur la gestion des risques, sur la déontologie et le respect des normes et règlements. 16 entreprises sur 40 ont formé les acheteurs aux « achats responsables », 7 entreprises ont sensibilisé leurs salariés aux éco-gestes. Enfin, 11 présidents faisaient référence à la RSE de leur groupe.
Il est intéressant de constater l’accroissement des actions de sensibilisation menées auprès de quelques parties prenantes et en particulier les fournisseurs (tiens !), à qui sont transférées des obligations contractuelles de RSE, sans oublier les clients que l’on informe sur la réduction des déchets, ou encore la nutrition notamment pour les enseignes de distribution et le secteur agro-alimentaire (mais attention à la surpromesse, au beau discours éloigné des réalités du terrain, le social par exemple...)
Danone a créé Danone Communities en 2007
J’ai particulièrement apprécié l’article rédigé par Alain Delcayre dans le Stratégies date du 6 mars sur l’investissement de Danone dans le « social business », avec la création de Danone Communities.
Ce fonds d’investissement, né de la rencontre de Franck Riboud PDG de Danone, avec Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, a pour ambition d’inventer de nouveaux modèles d’entreprises au services des populations les plus déshéritées. Si cet article nous apprend quer Zinedine Zidane, ambassadeur de Danone pour ses actions en faveur des enfants, devrait prochainement devenir administrateur de ce fond, il souligne surtout que les actions engagées par le fonds d’investissement servent de poisson pilote pour l’ensemble du Groupe "en matière d’innovation, qu’il s’agisse des processus industriels, de récupération d’énergie ou de distribution directe".
Au-delà, cet investissement vient crédibiliser le discours de Danone sur le développement durable et concourt à améliorer son image.
Enfin, il nous est dit que pas moins de 30% des salariés du siège et du pôle R&D (les seuls éligibles pour le moment) ont investi en 2007, tout ou partie de leur intéressement et de leur participation.
Une large participation qui ne fait que confirmer que, lorsqu’une entreprise s’engage réellement et durablement dans une stratégie RSE, les collaborateurs sont motivés pour la suivre dans cette voie. Sans parler de leur fierté d’appartenance qui n’en est que plus confortée.