Qu’attendent les salariés de leur entreprise ? En octobre 2007, l’Observatoire Cegos publiait les résultats de son enquête sur le climat et les relations sociales dans les entreprises. Alors que « globalement » les 3180 salariés interrogés sont satisfaits de leur travail (satisfaction de travailler dans leur entreprise – 57%-, bonne ambiance générale de travail – 87%-, bonne organisation des horaires – 74%-, conditions d’hygiène -74%-, conditions de sécurité -66%-), il n’en demeure pas moins que l’échantillon -national et représentatif – a exprimé l’exigence d’améliorations sensibles de la part de leur entreprise.
Les priorités sont :
Donner de bonnes perspectives d’avenir au sein de l’entreprise - Etre attentif au climat social
Offrir la possibilité de progresser en compétences - Améliorer le dialogue social - Donner envie de progresser - Une organisation d’entreprise efficace- Proposer un système de rémunération globalement satisfaisant - Donner accès aux formations nécessaires pour bien réaliser mon travail - Prendre en compte la dimension humaine dans les décisions stratégiques- Informer au moment importun des décisions prises - Les actions des dirigeants cohérentes avec les orientations stratégiques - Les actions stratégiques de l’entreprise claires pour tous.
En y regardant de plus près, ces 12 points d’améliorations exprimés par les salariés ne trouvent-ils pas leur résolution dans l’introduction massive dans l’entreprise du web 2.0 ? Du web 2.0 pour fluidifier les relations entre les salariés et l’entreprise, pour intéresser et impliquer, pour en finir une fois pour toute avec la langue de bois, pour échanger sur les objectifs stratégiques, économiques et sociétaux de l’entreprise. Du web 2.0 pour transférer la compétence et transmettre le savoir en toute interactivité.
Allez, je vous laisse analyser chacune des doléances à l’aune des bienfaits du web 2.0, et vous constaterez sûrement que Blog, Wiki et Mashup peuvent apporter dans la plus part des cas des solutions pertinentes. Enfin, techniquement pertinentes. Et quoi ? Qu’est-ce que cette affirmation limitative ? J’entends ceux qui vont dire que le web 2.0 c’est bien plus que de la technique, c’est une philosophie, (ou à tout le moins, une posture ?). Et je serai d’accord avec eux, mais force est de constater que la technique pour la technique n’apporte rien.
L'interactivité du web 2.0 ne se décrète pas
Bien sûr qu’il y a déjà des cas encourageants. BlueKiwi, est sa plateforme collaborative a déjà enregistré de beaux succès auprès d’entreprises de premier plan. Vouloir faire preuve de transparence, partager les connaissances, mutualiser les bonnes pratiques, tout cela va dans le bon sens et une fois encore, j’y souscris pleinement. Mais l’entreprise s’y est-elle préparée vis-à-vis de ses collaborateurs pour être vraiment crédible et tirer les bénéfices de la mise en place du 2.0 ?
A-t-on véritablement pris en compte, au moment de l’implémentation d’un blog, et je parle ici d’un blog initialisé par l’entreprise, pas de celui d’un FBT (Franc Blogeur Partisan), la réalité de l’entreprise, son identité propre? Qu’en est-il du mode de management ? Qu’en est-il du circuit d’information ? Qu’en est-il du climat social ? Ne risque t’on pas un décalage entre ce que l’entreprise voudrait devenir et ce qu’elle est à l’instant T, au moment de mettre en place sa solution 2.0 ?
Je ne prendrai qu’un exemple pour illustrer mon propos. Après un séminaire des cadres d’une société sur la co-construction de son projet d’entreprise, cédant à la vague 2.0, un blog (le premier dans l’entreprise, ayant à ce jour un intranet tout ce qu’il y a de plus 1.0) avait été mis en place pour permettre à chacun de faire vivre le projet, d’y donner du corps, d’y donner du sens, de le vivre au quotidien, de partager et de poursuivre ainsi dans la voie collaborative fraîchement ouverte. Tiens, un indice vient d’être donné ; une voie collaborative fraîchement ouverte... Et oui, dans cette entreprise, la forte pression hiérarchique exercée depuis des années par le management a découragé les participants du séminaire à faire part de leurs apports. Certains, ont envoyé timidement, quelques mails bien ciblés pour faire part de leurs propositions, en toute discrétion, pour ne pas s’afficher et risquer de provoquer l’ire hiérarchique.
Du jour au lendemain, on ne passe pas d’une entreprise rigide, fortement cloisonnée à l’entreprise ouverte.
Ne nous y trompons pas, réduire la distance entre le discours et les actes, reste le défi majeur auxquels sont confrontées les entreprises, y compris dans la mise en oeuvre du web 2.0 Cela suppose après une analyse sans concession, le respect des fondamentaux. Des référentiels de management pertinents, des formations ad-hoc et une communication interne proche du management, et surtout évolutive, pour s'ajuster au fil de l'eau aux mouvements continus auxquels sont aujourd'hui confrontées les entreprises. Une communication interne ouverte aux autres displines de communication pour créer du liant et donner du sens à la stratégie de l'entreprise. Le web 2.0 impose à la communication interne d'être forcément interactive, mais aussi durable et globale. Vaste et enthousiasmant programme.